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Photo du rédacteurCarmen Santa Cruz

Une tasse de T

Une nouvelle voix est née, ou plutôt 2, sur les ondes le 22 septembre avec le nouveau podcast Une tasse de T* traitant de l’art drag et sujets qui l’entourent.

Rencontre avec Clémentine Polo-Foulon et Emilienne Edmond


Dans ce petit monde où la rumeur fait loi, nourri à la vitamine D du drama; Clémentine et Emilienne prennent la parole et surtout la donne, sans jugement, sans imposer de vérité.


Échanges d’expériences et ressentis intimes autour d’une bienveillante tasse de thé.


Clémentine et Emilienne assise autour d'une tasse de thé
Clémentine Polo-Foulon & Emilienne Edmond

Je reçois les deux comparses au lendemain de la diffusion de leur premier épisode.Tout de suite, elles partent en quête de retours. Je ne préfère pas m’étendre pour me concentrer sur ce qui m'intéresse ici, leurs ressentis aux premiers pas de cette aventure.

Pour reprendre les mots de Sagan “Je ne citerai pas mes propres questions, d’abord parce que je ne m’en souviens pas et ensuite parce que leur absence permettra aux lecteurs de créditer d'ingéniosité et de quelque bon sens lesdites questions.”


Elles enchainent bavardages et badinages le temps d’avaler une petite salade sur le pouce et de se détendre un peu avant de rentrer dans le vif du sujet.

Clémentine, initiatrice du projet débute : “J’en ai eu marre à un moment que ce soit moi qui doive répondre aux interrogations un peu gênantes des gens qui n’y connaissent rien ou qui ne s’y sont jamais intéressés.

S’ils peuvent apprendre 2-3 trucs c’est cool et c'est vraiment pour ça que j’ai voulu le faire”




“ On a abordé le projet très sérieusement dès le début avec une volonté claire de faire quelque chose de propre pour pouvoir démarcher derrière des boîtes de prod de podcast et on a la sensation que ça peut être utile, que ce n’est en vain ce qu’on fait. Que le sujet n’est pas traité sur ce support ou en tout cas pas de cette manière là et que ça pourrait intéresser des gens en dehors de notre cercle et répondre à des questions que peuvent se poser beaucoup plus de personnes.”


E “ L’année dernière avec Le Grand Incendie, la compagnie dont je fais partie, on avait créé un podcast, ou plutôt une émission pour Radio Campus, qu’on devait diriger chacun•e son tour. Mais le confinement est arrivé avant que je n’ai eu le temps d’y participer et j’étais restée sur ma faim. Quand Clem m’a parlé de cette idée je me suis dit GO, parce que la forme me plaisait et que le fond me parlait complètement, faire de la pédagogie, de la vulgarisation, etc. D’ailleurs le premier truc que j’ai fait quand c’est sorti, c’était de l’envoyer à toute ma famille. L’idée c’est d’avoir un outil vers lequel on pourrait renvoyer les gens qui nous posent souvent les mêmes questions dans les show, de combler certaines lacunes de mes réponses. Parce que, dans ces moments là, même si je le fais avec plaisir je n’ai pas toujours le temps ni l’énergie, et donc que je ne suis pas forcément 100% là avec la personne. Alors que sur le podcast, on est à 1000% avec les personnes qui sont là.


À la regarder, on sent qu’elle cherche les mots justes, ne pas prendre le risque d’être incomprise.


“Depuis que j’ai commencé le drag, j’ai cherché à comprendre pourquoi c’était important pour moi de faire ça, ce que ça représentait, en tant que femme qui performe le genre feminin.

Le fait d’être hétéro peut m’avoir frénée dans ma recherche de légitimité dans ce milieu; peur de voler la place de quelqu’un, mais j’ai tellement été accueillie à bras ouverts par toute la communauté LGBTQI+.

Je me souviens un jour au tout début, au Café Pompier**, j’étais dans le doute de ma légitimité, ma place était floue, et la Dech m’a dit “Mais tu sais, on est tous queer”. C’est une phrase qui est toute simple mais qui m’a fait beaucoup de bien”

Dans tous les cas, après près de deux ans à performer sous le nom de Camomille, elle semble l’avoir trouvée cette place. Suffisamment en tout cas pour se lancer dans cette aventure qui va nous permettre de découvrir la pluralité parfois complexe du drag.


C ”Pour les invité•es, on a fait une liste de ceux qu’on aimerait avoir sur le postulat d’accueillir un•e artiste de Bordeaux et un•e extérieur à Bordeaux. Pour moi c’était important d’attacher l'émission au territoire.

E ”Important de montrer la diversité et notamment celle géographique, parce qu’on ne fait pas exactement la même chose à Bordeaux qu’à Paris ou ailleurs, et pas non plus le même vécu, ce ne sont pas les même scènes, les mêmes conditions, c’est une autre expérience”

C ”Mais mettre en avant, faire parler un•e artiste local•e c’était vraiment important”

E ”Pour ce qui est de la représentation du genre aussi, premier thème abordé sur les 3 premières émissions, il fallait une représentativité large au travers de ces 6 invités; en tout cas que ce ne soit pas seulement 2 hommes cisgenres drag queen. Montrer la diversité des genres performés mais aussi des genres des performeurs•ses, parce que ce qui est important pour nous c’est de parler à la fois du personnage et de la personne derrière.


C "Cette émission, nous on en est le moteur et ce qui nous intéresse c’est de créer une discussion et de recueillir les avis et expériences des invités.

E "D’ailleurs un truc assez magique s’est passé sur le premier épisode, quand Freya a commencé à interviewer Ruby. Nous là on n’existait plus, et ça a commencé à être un espèce de ping pong entre les deux, hyper naturel et hyper plaisant pour nous à regarder.

C “Quand Freya pose une question à Ruby naturellement, on se dit c’est une question que les gens vont se poser.”

On ne cherche pas à entrer dans une étude psycho-sociologique, mais entamer des sujets plus légèrement et, qui sait, donner l’envie aux auditeurs•rices de creuser la question après, de leur côté”

Et surtout casser les clichés sur les drag queen et sur l’art drag. Déjà apprendre au gens que c’est un art.”

J’aimerais que les auditeurs•rices entendent bien qu’on peut en parler, qu’il n’y a rien de définit, rien d’acté, tant que la critique est constructive et bienveillante. Qu’on puisse me dire aussi “ non ça m’a pas touché plus que ça”.”

Elles pensent déjà à d’autres possibilités de format mais préfèrent se concentrer sur le format podcast et le maîtriser.

“On va apprendre en faisant et affiner petit à petit.”


Je les remerciai pour clore cette échange avant de passer à la séance photo.

Je vous invite à aller écouter ce premier épisode si ce n’est pas déjà fait. Vous pourrez les retrouver le 3ème mardi de chaque mois sur vos plateformes de diffusion (Deezer, Spotify).





*Une tasse de T : Dans la communauté drag, T fait référence à l'anglais "Truth"= Vérité

**Le retour du drag sur Bordeaux s'est produit au Café Pompier fin 2018.

© photo: Yan Moussu

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